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En Allemagne, Olaf Scholz se dit inquiet de la montée de l’extrémisme, en pleine mobilisation des agriculteurs attisée par l’extrême droite

Alors que la mobilisation sociale des agriculteurs bat son plein en Allemagne, le chancelier, Olaf Scholz, a mis en garde, samedi 13 janvier, contre « les extrémistes » qui cherchent à instrumentaliser la colère exprimée lors des manifestations, se disant « inquiet » des appels à la violence.
« Lorsque des protestations en soi légitimes se transforment en colère ou en mépris pour les processus et les institutions démocratiques, nous sommes tous perdants. Seuls ceux qui méprisent notre démocratie en profiteront », a averti le dirigeant allemand dans un message écrit et vidéo diffusé sur ses réseaux sociaux.
Evoquant « les tracteurs qui bloquent les centres-villes, les routes et les accès aux autoroutes » depuis le début de la semaine dans tout le pays, M. Scholz souligne que « la dispute fait partie de la démocratie ». Toutefois, ajoute-t-il, « la colère est attisée de manière ciblée : (…) les extrémistes, y compris par le biais des médias sociaux, méprisent tout compromis et empoisonnent tout débat démocratique ».
Wir dürfen das große Ganze nicht aus den Augen verlieren. In aufreibenden Zeiten gilt es, Maß und Mitte zu halten. Aufrufe zu Gewalt und Bedrohungen haben in unserer Demokratie nichts verloren: Galgen sind keine Argumente. Zur Demokratie gehört der Kompromiss. #KanzlerKompakt pic.twitter.com/EDVEny3FZE
« C’est un mélange toxique qui doit nous préoccuper et qui me préoccupe également beaucoup », explique-t-il. Exhortant les participants à la mesure et à l’esprit de compromis, M. Scholz affirme que « les appels à la violence et les menaces personnelles n’ont pas leur place [en] démocratie ».
Les autorités craignent un « noyautage » par les formations extrémistes de la fronde déclenchée en décembre par la suppression d’allègements fiscaux et de subventions.
Les manifestations sont notamment activement soutenues par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a le vent en poupe dans les sondages, tandis que de nombreux groupes extrémistes appellent sur les réseaux sociaux à multiplier les actions contre le gouvernement.
Dans ce contexte, le chancelier social-démocrate, dont la coalition avec les écologistes et les libéraux bat des records d’impopularité, se dit reconnaissant envers le président de l’Union des agriculteurs allemands (DBV), Joachim Rukwied, « d’avoir clairement pris ses distances avec les extrémistes et certains opportunistes qui claironnent des appels à l’insurrection et pérorent en parlant de “renverser le système” ». « Ce n’est pas seulement un non-sens. C’est dangereux », selon M. Scholz.
Samedi, lors d’une manifestation à Dresde, dans l’est du pays, un cordon de policiers séparait strictement le rassemblement principal et quelques dizaines de personnes brandissant des drapeaux royalistes, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Le petit groupe se revendiquait du mouvement local d’extrême droite Freie Sachsen (« Saxe libre »), du nom de cette région de l’ex-République démocratique allemande dont Dresde est la capitale. Il exhibait des photomontages de responsables politiques allemands grimés en prisonniers. Le mouvement, qui regroupe des monarchistes, des complotistes et la droite nationaliste, a multiplié les messages de soutien aux agriculteurs sur les réseaux sociaux, appelant à une « semaine de résistance » en parallèle de leur mouvement.
D’autres groupes, comme les néonazis de Troisième Voix ou le mouvement nationaliste Ein Prozent, ont eux aussi appelé à des « grèves générales » et à des « émeutes subversives », selon le ministère de l’intérieur. « Ces mouvements cherchent constamment et systématiquement à subvertir toute forme de protestation légitime des citoyens », a dénoncé dans la presse Stephan Kramer, président des services de renseignement du Land de Thuringe.
Ils sont aussi accusés d’actions décriées, comme l’installation de potences symboliques au bord des autoroutes, ou le blocage la semaine passée d’un ferry sur lequel voyageait le ministre de l’économie, l’écologiste Robert Habeck, cible privilégiée des manifestants. « Les potences ne sont pas des arguments. Les opposants politiques ne sont pas des “crétins” », a encore déploré M. Scholz dans son message.
Plusieurs participants interrogés par l’AFP se sont opposés à cette récupération. « Les mouvements de droite et radicaux, nous n’en voulons pas dans nos manifestations », répète depuis le début de la mobilisation le patron de la DBV, principale organisation de la profession. Reste que certains symboles nationalistes, comme les couleurs de l’Empire allemand ou un drapeau rouge, noir, or en forme de croix, utilisé comme étendard pendant le mouvement anti-islam Pegida, étaient visibles à Dresde samedi.
Lundi, une grande manifestation est prévue à Berlin pour marquer le point d’orgue de la mobilisation des agriculteurs.
Le Monde avec AFP
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